Nouvelles parutions janvier 2019

Sur le blog l’âge la vie du journal Le Monde, a été publié une présentation de mon livre. En voici le lien http://lagelavie.blog.lemonde.fr/20....

L’article "La déprescription des médicaments comme utopie concrète" est parue dans la revue "Médecine Thérapeutique", Volume 24-2018 N°6, John Libbey EUROTEXT, pp.452-462.

En voici l’introduction :

" Pourquoi produit-on, prescrit-on et consomme-t-on autant de médicaments ? Est-ce si nécessaire ? Pourquoi sommes-nous convaincus de leur « magie » ? Nous avons une perception « salvatrice » du médicament, sans tenir compte de l’efficacité très relative d’une majorité de médicaments, et indépendamment de leurs effets secondaires. Nous allons explorer quelques pistes pour essayer de comprendre cette place que prend le médicament dans la pratique médicale aujourd’hui.

I- LE MEDICAMENT REFLET D’UN SYSTEME DE SANTE

1- Le médicament est le miroir déformant de l’idée de maladie La prescription médicamenteuse se veut rationnelle, c’est-à-dire qu’elle doit correspondre à « l’Evidence Based Medicine ». Cette prescription obéit à l’idée générale que, bien utilisé, le médicament est une, voire la réponse aux maladies. Qu’est-ce qu’une maladie en fait, pour des biomédecins ? Dans le passé, une maladie était un désordre clinique, désordre perçu par les malades et les amenant à consulter. Avec les politiques de dépistage, les discours sur le risque, et les « examens systématiques », la dimension clinique devient secondaire et la maladie est devenue un ensemble d’anomalies décelées, anomalies qui doivent correspondre à des désordres anatomiques (au sens large : un marqueur est un désordre microanatomique) . Si la chirurgie a un rapport évident avec l’anatomie, et traite le désordre clinique par l’ablation ou la réfection anatomique de la ou des anomalies, qu’apportent alors les médicaments ? D’une certaine façon, la chirurgie, pratique très ancienne (les égyptiens opéraient déjà les cancers du sein), voit son efficacité confirmée lorsque le désordre est clairement macroanatomique, et ses progrès techniques ont permis une avancée certaine. Le médicament pour sa part tente de résoudre les problèmes plus fins, je dirais microanatomiques, à l’échelon de la cellule ou des protéines, voire des gènes. Dans ce cadre, nous pouvons comprendre la difficulté : plus la « cible » est petite, localisée ou incertaine, et plus on risque de la manquer, ou de faire de gros dégâts collatéraux. Un antibiotique tue efficacement certaines bactéries pathogènes, mais tue en même temps les bactéries non pathogènes, et sélectionne les bactéries résistantes. Les médicaments chimiques des cancers sont tellement mal ciblés qu’ils détruisent massivement et pas seulement la tumeur. Même les thérapies dites ciblées visent en fait des protéines ou des mécanismes non spécifiques, d’où l’importance des effets secondaires souvent rédhibitoires. Nous voyons à quel point l’épistémologie biomédicale modèle la réponse : pour une maladie qui correspond bien au modèle (anomalie correspondant à un désordre anatomique, pour lequel une cause est identifiable), la chirurgie est souvent très efficace. Les médicaments sont efficaces si la cause première est connue et si ces médicaments agissent sur la cause première (les antibiotiques sur les bactéries). Les cancers et les maladies mentales sans oublier les maladies neurodégénératives ou auto-immunes correspondent mal à ce modèle (cause ou désordre incertain) et les réponses sont en conséquence décevantes. Cette difficulté d’ordre scientifique a été dépassée (mais non résolue) d’une curieuse manière : c’est à partir de l’expérimentation (recherche empirique de molécules actives dans la nature) ou la fabrication de nouvelles molécules (fabrication de molécules en fonction des mécanismes supposés de la pathologie) que l’on sélectionne secondairement les maladies susceptibles d’être améliorées. Un exemple intéressant : le DSM stipule que la psychose est un état mental amélioré par les neuroleptiques. C’est dire si l’idée du médicament est maintenant ancrée en nous. La bonne réponse est pharmacologique, et l’attente de cette réponse traverse patients, soignants, médecins et politiques .

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